Vous venez d’entrer dans un supermarché et votre enfant pique une colère et se roule par terre parce qu’il veut avoir un sachet de bonbons. Angoisse... Rassurez-vous, ça se gère!
La crise de colère: une étape du développement
Les crises de colère des enfants, en particulier des petits de deux et trois ans, sont tout à fait normales. D’après les spécialistes, il faut s’attendre à ce qu’un petit exprime sa peur, son anxiété, sa déception, sa colère et sa peine de façon bruyante par des larmes, des cris et, parfois, des gestes agressifs.La manifestation de la colère sous forme de crise fait partie du développement de l’enfant. Ce dernier, dépassé par ses sentiments et limité par son vocabulaire restreint, cherche à attirer l’attention de son parent d’une façon théâtrale.
Les gestes lui servent de moyen d’expression avant les mots. Il exprime sa frustration et espère acquérir, en déstabilisant ses parents, ce que ceux-ci lui refusent», explique Paule Levesque, une éducatrice spécialisée, une conférencière et une auteure
Il est donc important de clarifier dès le départ à l’enfant ce qu’il peut faire lorsqu’il est en colère et ce qui lui est interdit. En utilisant des exemples et des mises en situation, on l’aide à comprendre les choses plus
concrètement. L’adulte peut aussi lui donner des idées pour qu’il apprenne à se calmer lorsqu’il est fâché, comme respirer à fond.
Avant toute chose, il importe que le petit cerne ses émotions, qu’il sache reconnaître la colère en lui et chez les autres. On peut donc lui dire clairement ce qu’il ressent lorsqu’on le voit submergé d’émotions négatives. Il peut
également être utile de lui apprendre à reconnaître les émotions sur le visage de ses copains ou sur celui des personnages de ses émissions préférées.
Prévenir la crise
Bien qu’il soit facile d’en douter, il existe des façons de prévenir une crise. Avant d’entrer dans un lieu public, le parent doit préciser ses attentes. Il doit établir des frontières à ne pas dépasser. À ce sujet, Mme Levesque expliquequ’il est bon d’avertir l’enfant avant de partir, de lui donner deux ou trois consignes claires à respecter. Elle suggère aussi d’éviter les endroits non adaptés aux besoins des petits. Si l’enfant est trop fatigué ou s’il a faim, il est plus
susceptible d’être impatient, alors il vaut mieux prendre ses précautions avant de quitter la maison. «Un petit sac d’urgence contenant une collation et de nouveaux petits jeux délogeraune fixation émotive et orientera l’attention
sur autre chose», ajoute Paule Levesque. Pour éviter les crises à l’épicerie, Johanne explique d’avance à ses enfants qu’elle leur laissera choisir une sorte de biscuits chacun, et elle demande leur aide afin de mobiliser leur attention. Par exemple, ils mettent les fruits et les légumes dans les sacs.
Une crise: des solutions
Évidemment, on ne peut pas toujours éviter les crises. Lorsqu’elles se déclarent, on peut se retirer avec l’enfant dans un endroit plus calme et moins achalandé, comme les toilettes, ou encore aller à la voiture, le temps que le petit se calme. «Ce n’est pas la crise qui doit être récompensée par l’attention parentale, mais le retour au calme», mentionne Mme Levesque. Elle insiste sur l’importance de dire à l’enfant ce qu’on veut au lieu de ce qu’on ne veut pas. Évidemment, l’adulte doit servir de modèle, donc il doit éviter de crier ou de s’emporter. En maîtrisant sa propre frustration, le parent donne le bon exemple. Enfin, il faut intervenir le plus tôt possible, soit dès les premières manifestations de la crise, afin d’éviter l’amplification du phénomène.Témoignages et trucs
La petite de Sophie a fait une crise au cours d’une sortie à un magasin: elle s’est fâchée lorsque sa mère lui a dit qu’elle ne lui achèterait pas de jouet. Elle a même donné une tape au visage de sa maman. Un adulte qui était tout près d’eux a commenté la situation: selon lui, la fillette avait agi ainsi parce que sa mère devait la taper. Sophie a été fâchée d’entendre ce commentaire; elle est sortie du magasin et a reconduit sa fille à la maison. La petite est restée avec son père pendant que sa maman retournait faire ses commissions seule. «Ma fille a été punie, et elle n’a jamais recommencé. J’avais le cœur gros, mais la solution est de ne pas flancher.»Lorsqu’une crise survient, il est possible de trouver des moyens de détourner l’attention de l’enfant afin de l’inciter à penser à autre chose. On peut, par exemple, lui demander de donner son avis ou d’aider à trouver un objet sur une tablette. Il importe également d’essayer de lui faire comprendre qu’il ne peut pas tout avoir. Et, même s’il est tentant de céder, il est important de ne pas le faire, sinon on lui apprend que ses excès de colère sont un moyen efficace d’obtenir ce qu’il veut. «J’étais avec mon fils de deux ans au McDonald’s et il jouait. Quand est venu le temps de partir, j’ai eu la honte de ma vie. Il hurlait, faisait le "bacon" et se sauvait chaque fois que j’essayais de l’attraper. Je l’ai alors averti que, s’il n’arrêtait pas, on ne reviendrait plus. Eh bien, nous ne sommes pas retournés au McDo avant qu’il ait cinq ans! Parfois, nous allions au service à l’auto et il me demandait: "On ne peut pas aller dedans, hein, maman?" L’important, c’est de tenir son bout», raconte Kathy.
Caroline a vécu une situation semblable — dans un McDo aussi — avec son fils. «La salle de jeu était pleine, et Anthony ne voulait pas partir. Après avoir tout essayé sans succès (comme faire semblant de quitter l'endroit, utiliser un ton ferme, compter jusqu’à trois, etc.), j’ai pris la décision d’aller le chercher en haut de la structure et, à ce moment, il est descendu. Nous sommes passés plusieurs fois devant le McDo par la suite sans nous arrêter. Nous avons fait des jeux de rôles à la maison pour pratiquer ce qu’il ferait la prochaine fois que maman dirait: «C’est l’heure de partir.» Il m’a obéi à merveille la fois suivante. Il a 12 ans maintenant, et il sait que ses gestes ont des conséquences agréables ou désagréables.»
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